Depuis 12 ans de notre présence dans l’Union, qui était naguère un rêve, est devenue réalité quotidienne. Réalité avec ses problèmes et ses troubles et avec la perception qui l’accompagne. Le progrès et le développement évident dû aux liens économiques renforcés, au transfert des moyens dans le cadre des fonds structurels, de cohésion ou de la politique agricole ne sont plus perçus comme historiquement extraordinaires. On s’habitue vite à la libre circulation des personnes et au marché ouvert du travail. Même les avantages politiques tels que le Partenariat de l’Est se banalisent.
Par contre les uns perçoivent et soulignent la crise de la zone euro, la perplexité face à la crise de Proche-Orient et la crise des immigrés. Les autres sont frustrés par le fait que la poursuite de niveau de vie occidental soit plus lente qu’ils ne l’espéraient. Les cercles conservateurs dans l’Eglise ne voient dans l’Europe qu’une laïcité déchaînée, le royaume du « relativisme » portant une atteinte mortelle à « nos valeurs » chrétiennes et traditionnelles. Notre mémoire historique semble réduite, notre perception limitée à l’immédiateté.
Et pourtant l’Union Européenne – même cette Union qui s’abstient de mentionner ses « racines chrétiennes » - est plus proche qu’aucune autre organisation politico-économique des idées de la doctrine sociale de l’Eglise, de l’assurance des postulats de l’éthique personnaliste de la dignité et liberté humaines, enfin de l’éthique des Béatitudes. C’est l’organisation qui adopte une stratégie gagnant - gagnant, qui assure l’équilibre entre concurrence et coopération au point de multiplier les ressources et de transformer la coexistence pacifique des nations en jeu à somme positive. Ainsi elle s’oppose aux pratiques impérialistes des uns, toujours en vigueur, et à celles d’un souverainisme égoïste et stérile des autres. J’invite à un effort de l’imagination : figurez-vous le monde sans l’Union Europeenne. Elle est un acquis majeur de l’humanité. Mais comme tous les acquis elle n’est pas donnée pour toujours, elle demande un effort permanent de pensée et d’action en faveur de sa défense et de son soutien.
Henryk